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Transparents au rayonnement solaire visible mais opaques au rayonnement infrarouges émis par la surface terrestre, la présence de certains gaz dans l’atmosphère va créer un effet de serre en piégeant la chaleur émise par les infrarouges. Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d’eau, le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et l’ozone (03).

L’effet de serre produit par ces gaz est naturel et permet de maintenir une température nécessaire à la vie sur terre. Cependant, l’effet de serre est accentué par des activités d’origine anthropique :

  • La combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz, etc), certaines activités industrielles ou encore la déforestation va entraîner une augmentation des émissions de CO2
  • L’élevage de ruminants, la culture, de riz, la fermentation des ordures ménagères lors de leur stockage, les exploitations pétrolières ou gazières ou encore la décomposition naturelle des matières organiques lors de leur stockage dégagent du méthane dans l’atmosphère,
  • L’utilisation d’engrais azotés en agriculture ou certains procédés chimiques vont augmenter l’émission de N2

La méthanisation peut être un levier de réduction des émissions de GES en captant le méthane naturellement émis lors de la décomposition des matières organiques résiduelles et en limitant le recours aux d’engrais chimiques, dont la production et l’épandage entraîne l’émission de protoxyde d’azote, par l’utilisation du digestat, limitant l’impact de l’agriculture sur les changements climatiques. En substituant la production et la consommation d’une énergie fossile par une énergie renouvelable, ce procédé permet d’éviter des émissions de CO2 d’origine fossiles.

Le méthane ayant un pouvoir réchauffant 30 fois supérieur au CO2, une fuite de ce gaz peut grever les bénéfices environnementaux du procédé de méthanisation. Des contrôles sont alors effectués sur les équipements et installations afin de prévenir les potentielles fuites au niveau de l’unité de méthanisation.

De la même manière, pour limiter les potentielles émissions de N20 lors de l’épandage du digestat, des précautions sont recommandées : la mise en place de couverture sur les cuves de stockage du digestat et un épandage par pendillard avec enfouissement rapide.

 

Face à l’épuisement des ressources non renouvelables et à l’importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), la transition énergétique grâce à notamment une économie circulaire s’impose comme une évidence.

 

L’économie circulaire vise à créer « nouvelles boucles de valeurs positives » dans le but de réutiliser les produits créés en mettant notamment l’accent sur des nouveaux schémas de production, de consommation et de recyclage des matières notamment. Au-delà d’un renforcement du recyclage, l’économie circulaire consiste à réfléchir à une utilisation optimale des ressources locales des territoires, à optimiser la gestion des flux entre les acteurs et à développer les énergies renouvelables.

 

La méthanisation s’inscrit alors dans cette logique permettant de proposer une solution très locales de traitement de déchets organiques, de produire une énergie locale et renouvelable et de créer une dynamique économique territoriale. Le système s’organise en boucles courtes et locales, permettant également un retour au sol de la matière organique via l’épandage du digestat, réduisant le recours aux engrais chimiques. C’est alors un outil d’économie circulaire puisqu’elle permet une double valorisation organique et énergétique de matières organiques considérées jusque là comme un déchet.

Les cultures intermédiaires (CI) sont des couverts végétaux semés entre deux cultures principales. Ils sont généralement broyés et remis au sol avant la culture principale suivante, servant alors d’engrais vert. Les couverts végétaux ne peuvent pas être récoltés pour des usages qui seraient en concurrence avec l’alimentation humaine.

 

Les couverts végétaux ont différentes dénominations en fonction des usages que l’on en fait, ainsi on peut parler de culture intermédiaire pièges à nitrate (CIPAN), culture intermédiaire multiservices, ou encore des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE). Dans le cadre de la méthanisation, ce sont les CIVE qui nous intéressent.

 

Les CIVES sont des cultures qui se positionnent en hiver ou en été entre deux cultures principales. Ce peut être notamment des graminées (triticale, orge, etc) ou des légumineuses (vesce commune, féverole, etc).

 

Elles permettent de limiter l’érosion du sol et la pollution des eaux, diminuer la présence d’adventices et d’améliorer le stockage de carbone dans le sol. Il faut néanmoins viser un minimum de production de 4-5 t de MS /ha pour rentabiliser les coûts d’implantation et de de récolte, ce qui nécessite de la travailler quasiment comme une culture principale. La place des CIVE dans le calendrier de culture et la variété sont les 2 facteurs clés de réussite.

 

L’apport de CIVE dans le digesteur permet de sécuriser l’approvisionnement d’intrant (notamment grâce à leur fort potentiel méthanogène, entre 100 et 300 Nm3CH/tMS) et constitue une assurance supplémentaire pour la demande de prêt.

 

Attention : ne pas confondre avec les cultures alimentaires ou énergétiques, cultivées à titre de culture principale qui sont encadrées par la réglementation et ne doivent pas excéder une proportion maximale de 15 % du tonnage brut total des intrants par année civile.

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2019 »

 

Les risques d’incendie ou d’explosion liés au biogaz sont très limités.

 

La production de biogaz est encadrée par une réglementation stricte et nécessite des précautions. Les niveaux de danger et de risques potentiels d’incendie et d’explosion liés au biogaz sont du même ordre, voire moins élevés, que ceux liés au stockage du gaz naturel et du pétrole. Une unité de méthanisation n’est donc pas plus dangereuse qu’une station essence.

 

En tant que mélange potentiellement explosif, le biogaz nécessite des précautions mais peu d’accidents relatifs à son stockage sont survenus en France. De 1992 à 2017, 18 cas d’incendie et 15 cas d’explosion ont été recensés en France par le ministère en charge de l’environnement, avec peu de conséquences pour les populations riveraines et pour l’environnement. Les risques concernent surtout le personnel qui travaille sur les sites de méthanisation.

 

Les sites sont dotés de détecteurs de gaz, d’extincteurs, d’une voie d’accès pour les pompiers.
Ils sont également équipés d’un dispositif de destruction du biogaz (d’une torchère par exemple).

 

Les risques liés au digestat sont également sous contrôle

Les risques de rejet d’ammoniac dans l’air ou de pollution des eaux liés au digestat sont maîtrisés grâce à des règles strictes :

 

  • les fosses de stockage de digestat sont couvertes et ventilées si nécessaire ;
  • la qualité agronomique et sanitaire du digestat est contrôlée avant l’épandage ;
  • l’épandage respecte les distances d’isolement par rapport aux cours d’eau et aux habitations ;
  • l’épandage respecte des délais minimum avant le retour du bétail sur les parcelles épandues (prairies) ;
  • l’épandage est réalisé avec des techniques qui limitent les émissions d’ammoniac.

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2019 »

 

Des odeurs peuvent provenir des déchets avant méthanisation.

 

Lors de la méthanisation, la décomposition des déchets est réalisée en absence d’oxygène, sans contact avec l’air ambiant et donc sans odeur.
Au terme du process, les acides gras volatils responsables des odeurs sont détruits : le digestat produit est pratiquement inodore, même une fois épandu dans les champs. D’ailleurs, de nombreux agriculteurs recourent à la méthanisation pour réduire les odeurs d’épandage agricole des fumiers et des lisiers.

 

Des odeurs peuvent parfois être émises lors du transport, du stockage, du déchargement et du chargement des déchets organiques avant méthanisation.

 

Des mesures sont prises pour les réduire au maximum

 

  • Le transport se fait dans des camions étanches.
  • Les allers et retours des camions sont réduits au maximum.
  • Les chargements et déchargements ont lieu dans un hangar fermé et étanche
  • Les camions sont lavés ou rincés fréquemment.
  • Les bâtiments de stockage sont soumis à une ventilation forcée et l’air vicié est aspiré et traité dans une unité de désodorisation. Pour lui permettre de réagir rapidement si des mauvaises odeurs gênent les riverains, l’exploitant peut aussi mettre en place une surveillance sur le site et dans le voisinage, en associant les riverains au sein d’un « jury de nez ».

 

Et les mouches ?
Les matières organiques étant stockées dans un local fermé et étanche, les mouches ne sont pas attirées et ne prolifèrent pas autour du méthaniseur.

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2019 »

 

Les émissions sonores d’une unité de méthanisation sont minimes

 

Lorsque l’installation de méthanisation est équipée d’une unité de cogénération pour produire à la fois de l’électricité et de la chaleur, un moteur tourne en continu.

Ce moteur est placé dans un caisson insonorisé qui permet de réduire le bruit à moins de 51 dB (soit le niveau sonore d’une machine à laver) dans un rayon de 50 mètres.

Le matériel de manutention et les engins de chantier utilisés à l’intérieur de l’installation sont également conformes aux limites réglementaires en matière d’émissions sonores, soit moins de 70 dB en journée. Ils sont utilisés pendant les horaires de travail habituels, de 8h à 18h en semaine.

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2021 »

 

Le trafic est optimisé et limité au maximum

 

Une grosse installation de méthanisation (unité industrielle) nécessite le passage de 10 camions par jour travaillé.
Pour une unité de méthanisation plus petite (à la ferme), le trafic n’augmente que d’un camion par jour durant les horaires de travail.

Le transport est toujours optimisé pour réduire les distances, limiter les désagréments pour les riverains et réduire la consommation de carburant. De même, les horaires et les trajets de circulation sont adaptés pour éviter les heures de pointe et les zones les plus fréquentées.

 

Une étude d’impact réalisée sur 2 sites a mis en avant un trafic négligeable 93% de l’année. 

L’approvisionnement du méthaniseur en intrants et l’acheminement des digestats vers les zones d’épandage génère un trafic faible à négligeable : 1 poids lourd tous les deux jours hors période de récolte, et entre 40 et 100 poids lourds par jour pendant une dizaine de jours non consécutifs.

Comparativement à d’autres types d’activités, l’impact des chantiers agricoles reste modéré : une zone logistique génère plusieurs centaines de poids lourds par jour toute l’année.

Consulter la synthèse et les recommandations de l’étude d’impact

 

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2019 »

 

Tout est fait pour rendre l’installation la moins visible possible

 

Pour créer une harmonie visuelle et gêner le moins possible les riverains, plusieurs solutions existent comme le choix de teintes de matériaux adaptées aux milieux environnants, l’enfouissement partiel des cuves de stockage ou des digesteurs, l’implantation de haies autour du site…
Les porteurs de projet sont également fortement incités à recourir à un architecte expert en intégration paysagère.

L’intégration paysagère est à prendre en compte dès le choix du site d’installation de l’unité de méthanisation. Des couleurs proches de celles de la nature permettent de mieux intégrer les bâtiments dans leur environnement.

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2019 »

 

Les porteurs de projet potentiels sont multiples

 

  • Un agriculteur ou un groupement d’agriculteurs : un projet de méthanisation vient en complément de leur activité, pour valoriser les effluents d’élevage et les sous-produits agricoles.
  • Un collectif d’agriculteurs, une collectivité territoriale ou un collectif de citoyens dans le cadre d’un projet territorial. Non seulement le projet permet de traiter les effluents agricoles et les déchets du territoire mais il implique aussi les citoyens.
  • Des industries (agroalimentaires, chimiques, papeteries…) pour mieux valoriser leurs déchets ;
  • Des stations d’épuration des eaux usées pour méthaniser leurs boues ;
  • Des collectivités pour valoriser les déchets organiques récupérés auprès des habitants.

 

 

Un dialogue est instauré avec les riverains pour un projet partagé

 

Les acteurs du projet et les habitants doivent pouvoir dialoguer. Les échanges, souvent facilités par la collectivité qui accueille le projet, se déroulent en 3 étapes :

  • étape 1 : information de la population ;
  • étape 2 : consultation pour connaître l’avis des habitants et des usagers ;
  • étape 3 : concertation pour permettre le dialogue et rechercher un accord entre toutes les parties intéressées pour lancer le projet.

 

Informés sur les enjeux de la méthanisation pour leur commune, rassurés sur les risques et les nuisances éventuels, consultés sur l’aménagement paysager et les pistes de valorisation de l’énergie produite…, les habitants deviennent souvent les premiers ambassadeurs de l’unité de méthanisation

 

Plusieurs critères sont pris en compte pour l’implantation

 

Le choix du site se fait en concertation avec les riverains, en fonction des critères suivants :

  • le respect du cadre de vie existant, de la sécurité et de l’environnement ;
  • la proximité des gisements de matières organiques, pour faciliter la logistique ;
  • les opportunités de valorisation du biogaz : proximité des réseaux de gaz, d’électricité, de chaleur… ;
  • les surfaces au sol disponibles.

 

Des autorisations sont nécessaires

 

Pour construire une unité de méthanisation, le porteur de projet doit réaliser plusieurs démarches et obtenir des autorisations. Il doit :

  • soumettre une déclaration préalable auprès de la mairie ou obtenir un permis de construire ;
  • répondre aux exigences de la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) : déclaration, enregistrement ou autorisation.
  • pour des volumes traités supérieurs à 60 tonnes de déchets par jour, réaliser une étude de dangers, une étude d’impacts, une enquête publique et obtenir l’avis de l’Autorité environnementale.

 

La construction peut être interdite si l’installation est située sur un site classé, visible depuis un monument historique, trop proche d’un captage d’eau potable, située en zone inondable, entraîne un trafic excessif…
Enfin, les unités de méthanisation sont suivies et contrôlées. En cas de manquement, des mesures administratives sont prises pouvant aller jusqu’au retrait de l’autorisation d’exploiter l’unité.

Issu de « La méthanisation en 10 questions, ADEME, 2019 »

 

Les citoyens peuvent participer à un projet de deux façons

 

  • Investir dans le capital des sociétés portant les projets, ce qui permet une implication dans leur gouvernance : c’est ce qu’on appelle des projets citoyens.
  • Financer les projets sans participer à la gouvernance : c’est ce qu’on appelle un projet participatif ou un financement participatif obtenu parfois grâce à une campagne de « crowdfunding ».

 

La participation financière de citoyens à des projets pour développer les énergies renouvelables est courante au Danemark et en Allemagne, où 50 % des capacités de production d’électricité renouvelable installées entre 2000 et 2010 sont détenues par des citoyens (dont 11 % par des agriculteurs).

 

Les citoyens se mobilisent pour développer leur territoire

 

En soutenant ces projets citoyens, les habitants permettent de :

 

  • valoriser les ressources économiques et énergétiques des territoires ;
  • promouvoir une dynamique collective de transition énergétique, dans laquelle les habitants s’expriment et participent aux prises de décision ;
  • renforcer l’intégration locale des projets d’énergies renouvelables ;
  • participer à un projet qui a du sens pour le territoire ;
  • maintenir et créer des emplois ;
  • développer de nouvelles compétences sur le territoire

 

Début 2018, plus de 260 projets citoyens, en développement et en exploitation, sont recensés partout en France.

France Nature Environnement met à disposition un outil multicritère d’aide au positionnement à destination des associations, des porteurs de projets de méthaniseur ou toute personne souhaitant :

 

  • Découvrir ou approfondir sa connaissance des enjeux liés à la méthanisation
  • Faciliter le dialogue avec les acteurs territoriaux
  • Se positionner par rapport à un projet précis de méthanisation dans son territoire

 

La deuxième partie aborde les démarches à effectuer pour construire un positionnement lorsqu’un projet de méthanisation émerge dans son territoire, les documents sources et l’accès à l’information. La troisième partie vous informe de façon plus générale sur les installations de méthanisation, les aspects réglementaires, techniques et de concertation des projets de méthanisation.

 

Si vous désirez aller plus loin et vous lancer dans l’exercice réel de construction de positionnement quant à un projet de méthanisation dans votre territoire, vous pourrez ensuite renseigner la grille d’analyse Méthascope.

 

ICI

Les plantes absorbent le CO2 atmosphérique pour le transformer en matière organique, source de biomasse.
Une partie de cette matière organique est contenue dans les racines : ce carbone reste dans le sol.

 

Après récolte, la partie aérienne de la plante est soit directement introduite dans un digesteur, soit passe par une étape intermédiaire (ingestion par un animal, transformation pour l’alimentation, etc.).

Ce carbone se retrouve en partie dans le digestat, puis retourne au sol ; une autre partie est retirée du biogaz et peut être valorisée en CO2 biogénique (encore en développement) en substitution au CO2 d’origine fossile ou via une étape de méthanation ; le reste du carbone est dans le biogaz et se substitue au carbone d’origine fossile lors de sa combustion.

 

Source : Rapport  » La biomasse et la neutralité carbone » du GT1 du Comité de prospective de la CRE, Mars 2023